Caméléon 2020

Diapositive précédente
Diapositive suivante
Caméléon vient clôturer un travail en triptyque sur la question de l’identité au travers des tissus dit « africains ». Après Bazin qui attaquait la question de manière frontale et politique, Wax comme l’idée d’un certain retour, Caméléon s’attache au parcours de Tidiani N’Diaye pour une pièce autobiographique. Le tissu cette fois-ci incarne l’histoire du chorégraphe, ses déplacements, de l’Afrique vers l’Europe, ses allers/retours incessant depuis plus de dix ans. Les regards variés qui se portent sur eux, selon le contexte ou ils se trouvent, ici ou là-bas.

Nous pourrions être à Bamako, dans le studio photo de Malik Sidibé. La scénographie de la prise de vue est soignée, les signes et les motifs variés encadrent la scène pour laquelle il n’existe aucun hors champ. C’est l’œil qui fait l’image et il n’existe rien en dehors d’elle. L’œil qui la compose et la recompose à partir des signes qu’il identifie et sait lire, qui la recontextualise comme il veut ou comme il peut. C’est ici la position du spectateur et c’est à lui de se poser la question de ce qu’il regarde et d’où il le fait.

 

Lorsque l’on observe le tissu on pense « Afrique », alors qu’hormis l’usage, tout indique l’Europe. Ses motifs identifiables immédiatement lui collent à la peau, à celle du danseur et chorégraphe en l’occurrence. Car nous sommes fait de la même peau, victime du même regard, et qu’il avait lui aussi de bons motifs pour quitter l’Afrique.

 

Ce motif là, celui de la pièce, est celui de son enfance, le Fancé habille les écoliers maliens. Entre le Bazin et le Wax, il est le seul à être véritablement produit en Afrique, bien que sa production aujourd’hui est presque entièrement reprise par la Chine. Tidiani le traine dans les rues de Genève comme dans celles de Mopti et de Bamako, la vidéo et l’histoire en voix off qu’elle raconte montre ce voyage. Il s’agit du sien, de son village jusqu’à l’arrivée en Europe par la Suisse. De mes différents parcours initiatiques jusqu’a la danse qui restera pour de bon. De ses rencontres et des portes qu’elles lui ont ouvertes pour y déployer un langage artistique.

 

Motif et langage, l’écriture de la danse est un travail de citation d’un vocabulaire déjà existant dans ses précédents travaux. Motifs du corps et des gestes, reprises, transformations inévitables. Ces motifs, de la même manière qu’ils s’impriment sur des tissages infusent dans les corps. La danse permet simplement de les faire rejaillir en posant la question de leurs origines, à l’endroit sensible des gestes et des adresses qui en découle. Tidiani cherche dans ces compositions a faire co-exister certain types de mouvements que l’on pourrait identifier immédiatement avec d’autres, bien plus abstraits, et participant d’un imaginaire ou d’un bestiaire personnel qui ne cherche pas à s’expliquer, qui est simplement là.

 

Peut être que le caméléon sait se faire discret parce qu’il est énorme. Tellement gros et grossier qu’on ne le voit même plus, il est devenu paysage lui même. Ou alors il est en effet cet animal étrange, à la vision totalement périphérique et qui sait changer de couleur de peau en fonction de ce paysage. Ici le caméléon est les deux à la fois, et il s’agit plutôt d’une stratégie.

WAX 

BAZIN 

→ Film Caméléon 

Tout public 

Durée : 45 minutes

 

Distribution :

Chorégraphie et interprétation : Tidiani N’Diaye
Texte : Tidiani N’Diaye & Raymond Dikoumé
Dramaturgie : Arthur Eskenazi
Costumes : Jean Kassim Dembélé JK Dressing, Valentine Solé, Jérome Schmitt
Confection scénique : Silvia Romanelli
Lumières : Brice Helbert

 

Production : Copier Coller
Coproduction : Shap Shap
Avec le soutiens de : Embassy of Foreign Artists – Cie Gilles Jobin